Reprendre une boîte en difficulté : génie ou pure folie ?
Le pari risqué qui peut tout changer
J’écris ces articles pour structurer mes réflexions et partager des idées sur ce qui me passionne : l’entrepreneuriat, la création et la reprise d’entreprise, ainsi que les financements – en particulier en early stage. J’aime explorer différents modèles d’affaires, du digital à l’immobilier en passant par les franchises. Si ces sujets résonnent avec tes projets et que tu cherches un accompagnement pragmatique, discutons-en.
Racheter une entreprise en pleine forme, c’est tentant : « sécurité », business qui roule, nuits apaisées... :-) Mais si la vraie opportunité se trouvait ailleurs ?
Enfilons maintenant notre casquette de super entrepreneur ! Et si le vrai challenge, la vraie opportunité, se trouvait plutôt dans ces entreprises mal en point, celles que tout le monde fuit et que personne ne veut reprendre ?
Lumière sur l’univers fascinant (et un peu effrayant) de la reprise d'entreprises en difficulté.
Pourquoi c’est (peut-être) une très bonne idée
En étant réaliste : une entreprise en difficulté, c’est souvent une entreprise moins chère à acquérir. Conditions de négociation avantageuses, créanciers prêts à négocier, actifs à prix réduit… bref, des leviers intéressants si on sait où l’on met les pieds.
Exemple au Luxembourg ? Soludec, entreprise historique de construction, a failli disparaître en 2020 avant d’être sauvée par ses cadres via un management buy-out. Résultat : maintien des emplois, restructuration et continuité des activités.
Hors frontières, on peut également penser aussi à La Redoute en France : reprise en pleine crise en 2014, elle est devenue une référence en matière de transformation digitale et de relance économique. Donc, ça marche ?
Attention aux pièges classiques
La reprise d’une entreprise en difficulté peut aussi mal tourner. Virgin Megastore, toujours chez le voisin français, a été incapable d’adapter son modèle économique à l'ère numérique. Plusieurs tentatives de reprise ont échoué à cause d'une absence de vision claire et d'un refus d'accepter la réalité économique. Morale de l’histoire : le manque de lucidité et l’entêtement peuvent tuer une entreprise plus vite que les difficultés économiques elles-mêmes.
Négliger l’importance de l’humain, faire une due diligence superficielle, surpayer par excès d’optimisme, ou sous-estimer les besoins financiers réels après la reprise…, sont parmi les erreurs les plus courantes.
Les leviers pour réussir une reprise
La réussite d'une reprise d’entreprise en difficulté repose avant tout sur une analyse rigoureuse. Vous devez tout savoir sur l’entreprise visée (TOUT) : situation financière réelle, dépendance à certains clients, climat social en interne. Aucun détail ne doit vous échapper.
Ensuite, vous aurez besoin d'un projet de relance solide. Reprendre une entreprise ne suffit pas, il faut savoir précisément ce qui ne fonctionnait pas et comment vous allez inverser la tendance : repositionnement stratégique, modernisation, réorganisation… votre plan doit être clair et ambitieux.
N'oubliez pas que le temps est à la fois votre meilleur allié ou votre pire ennemi. Prévoyez un délai large : de 6 mois jusqu’à 2 ans selon la complexité du dossier, en sachant qu'une reprise hâtive est rarement fructueuse.
La question du financement est absolument centrale. Votre montage doit intégrer suffisamment de trésorerie pour gérer l'immédiat après-reprise. De nombreuses entreprises, actuellement en redressement judiciaire, attendent précisément ce genre de repreneurs : certaines sont de vraies pépites cachées, d’autres sont malheureusement déjà condamnées. Et dans ce contexte, les informations disponibles sont souvent très limitées. Le risque augmente !
Enfin, la reprise réussie passe inévitablement par l’aspect humain. Préserver l'équipe en place, souvent un des critères des entreprises en RJ, assurer une transition fluide et communiquer clairement dès le départ sont les clés d'une reprise qui fonctionne.
Et si c’était le bon moment ?
Place à l’honnêteté. Le contexte des derniers mois (post-Covid, inflation, guerre en Ukraine…) multiplie les difficultés pour les PME. Résultat : une hausse significative des opportunités de reprises (probablement à des conditions avantageuses). Mais cette même période implique également une prise de risque plus importante, et une forte incertitude économique. Le marché est là, plus large que jamais, mais il est crucial de bien sélectionner sa cible.
A vous de jouer
Reprendre une entreprise en difficulté peut être un acte courageux, parfois génial, mais toujours exigeant. Tout dépend de votre préparation, de la pertinence de votre plan, et de votre capacité à vous entourer correctement. Au Luxembourg, le défi est encore plus grand, notamment pour identifier LA bonne opportunité… mais réussir ici est d’autant plus gratifiant !


